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July 8, 2014 | Article on Muse Baroque

Flamboyant

Vivaldi, Opera arias, Hammarström, Concerto de’ Cavalieri, Di Lisa – DHM

by Bruno Maury

C’est un enregistrement en forme de concert que nous propose le Concerto de’ Cavalieri dans son dernier enregistrement, dans lequel des pièces orchestrales encadrent des airs regroupés en deux parties. Ces derniers puisent à la fois dans de grands classiques du Prêtre Roux (les deux airs d’Orlando Furioso), d’autres moins connus (en particulier ceux du rare Teuzzone), ou encore des emprunts à d’autres compositeurs – comme il était d’usage à l’époque : ainsi les deux airs de Bajazet, repris de Giacomelli.

Concerto de Cavalieri Vivaldi Opera Arias and ConcertosL’orchestre se taille d’emblée une place de premier plan dans ce récital, qui s’ouvre sur le flamboyant Concerto pour deux trompettes. Et quelles trompettes ! Celles d’Andrea Di Mario et de Jonathan Pia se livrent à un magnifique dialogue en écho, d’une fluidité parfaitement maîtrisée, jubilatoire dans les deux allegros, entrecoupés d’un court largo bien ponctué. Dans la foulée, les trompettes poursuivent avec la martiale ouverture de l’air de Teuzzone «Con palme ed allori».

Après des premières paroles un peu timides sous le flot déferlant de l’orchestre, Kristina Hammarström s’impose progressivement de son timbre cuivré, qui culmine dans les beaux ornements du final. Par contraste, «La gloria del tuo sangue» offre un plein champ à l’expressivité vocale de la cantatrice, dans son dialogue sensible avec le hautbois. Mais c’est dans l’air de Tito Manlio que nous l’avons préférée : son timbre rendu plus clair pour la circonstance contraste avec les couleurs sombres du violoncelle de Giovanna Barbati, le dialogue amoureux délicat se développe en d’exquises variations. Pour le «Se cresce un torrente», la mezzo navigue en équilibre délicat sur le flot impétueux de l’orchestre, décidément très à l’aise dans les passages les plus denses.

Le Concerto pour deux violons RV 519 nous entraîne dans un univers de virtuosité, avec des dialogues ébouriffants, mais toujours très exacts dans les deux allegros, qui encadrent un largo délicat. Moment de délices pour le « Sol da te » qui suit, avec la flûte enchanteresse de Luigi Lupo. La partie vocale nous a toutefois paru presque terne en comparaison, tant la ligne instrumentale prédomine dans cette interprétation. Mais ne boudons pas notre plaisir, car les volutes éthérées de la flûte sont restituées avec une exactitude minutieuse par une prise de son très claire. Pour le « In si turbida procella» la voix d’Hammarström se pare de reflets métalliques qui conviennent bien à l’atmosphère, et fait montre d’un bel abattage dans les ornements. Dans le « Sposa, son disprezzata », l’émotion monte peu à peu jusqu’à la reprise, plus marquée dans son expressivité. Et l’orchestre développe des accents très convaincants dans « L’occhio, il labbro, il seno, il core», prenant un peu le pas sur la ligne vocale. L’enregistrement s’achève sur le Concerto pour cordes RV 121, à l’allegro molto enlevé, et dont l’adagio empli de langueur vénitienne est vite balayé par un énergique presto.

Cet agréable moment musical est accompagné d’un livret avec notice de Mario Marcarini en quatre langues (anglais, français, allemand et italien) avec le texte des airs en italien (et leur traduction en anglais). Un enregistrement à retenir pour l’expressivité et la maîtrise de l’orchestre Concerto de’ Cavalieri sous la baguette de Marcello Di Lisa, et la bonne prestation de Kristina Hammarström, mis en valeur par une prise de son lumineuse.

Bruno Maury

Technique: prise de son claire et dynamique

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